L’interdiction du pantalon dans certains lycées français subsistait encore au début des années 1970, tandis que le jean s’imposait déjà comme un symbole universel de liberté. Les codes vestimentaires traditionnels se sont fissurés sous l’influence de mouvements sociaux, ouvrant la voie à une diversité stylistique inédite.
Certains créateurs, à contre-courant, ont revisité les tissus synthétiques au moment où le retour au naturel gagnait du terrain. Les contradictions de cette décennie ont façonné des tendances qui continuent d’alimenter les collections contemporaines et inspirent régulièrement les nouvelles générations.
Pourquoi la mode des années 1970 continue-t-elle de fasciner ?
La mode des années 1970 ne cesse d’éveiller la curiosité et de stimuler l’imaginaire collectif. Elle fascine, dérange, trouble, et son empreinte ne s’estompe pas, que ce soit sur les podiums ou dans la vie de tous les jours. Mais qu’est-ce qui rend cette décennie aussi captivante ? D’abord, elle concentre une série de bouleversements : l’héritage contestataire de Mai 68, la libération des mentalités, l’inventivité débridée du cinéma, de la musique, l’énergie des mouvements sociaux. Les repères s’effritent, les identités se cherchent et se redéfinissent.
La garde-robe s’ouvre à mille influences. On croise des silhouettes hippie, disco, glam rock, punk, western ou preppy… Chaque groupe invente ses propres codes, visibles dans la rue comme dans les magazines. L’esprit hippie, propulsé par les idéaux de la fin des années 60, privilégie les tenues amples, les tissus fleuris, l’exubérance du flower power. Les femmes s’emparent du pantalon, adoptent le blazer, jouent avec la mode unisexe que met en avant le MLF. Les lignes se détendent, la notion de genre devient floue.
Les points forts de cette décennie s’expriment clairement :
- Diversité stylistique : entre punk et disco, chaque esthétique affirme sa différence et bouscule les standards.
- Révolution sociale : la mode accompagne les mouvements d’émancipation, devient le vecteur de prises de position et de libertés nouvelles.
- Culture populaire : les tendances naissent autant dans les studios d’enregistrement et sur les plateaux de cinéma que dans la rue.
Cette époque reste une réserve inépuisable d’idées : chaque saison, les créateurs réinterprètent ses pièces cultes, les maisons de couture revisitent l’esprit vintage, les coupes et les matières. La mode des seventies intrigue parce qu’elle ne se contente pas de suivre les règles : elle prend plaisir à les détourner, à privilégier l’audace et l’expérimentation.
Les styles emblématiques qui ont marqué la décennie
Quatre courants dominent la scène et balisent tout l’imaginaire collectif : hippie, disco, glam rock, punk. Chacun impose son langage, immédiatement reconnaissable. Le style hippie mise sur les robes longues, les blouses flottantes, les imprimés fleuris, le tie-dye, les franges souples au rythme des balades folk. Le message du flower power s’affiche jusque dans les vêtements. Les pantalons flare et les pattes d’éléphant, en denim ou en velours, deviennent incontournables, aussi bien chez Levi’s que chez Fiorucci.
Le disco explose dans la lumière des spots et les nuits de légende du Studio 54 : paillettes, sequins, lurex, couleurs flashy, tissus synthétiques. Les chaussures à plateforme dominent la piste, les bodies métallisés font sensation. Ici, le vêtement capte la lumière et l’attention. On pense à ABBA, John Travolta, Bianca Jagger : tout un panthéon de figures qui marqueront l’époque.
Puis arrive le glam rock, incarné par David Bowie. Pantalons métallisés, blazers brocart, bottes vertigineuses, le genre s’efface derrière la création pure. À Londres, le punk surgit : cuir, clous, épingles à nourrice, tartan. Vivienne Westwood, Sex Pistols, Zandra Rhodes : l’insolence s’affiche sans filtre. Les années 70, c’est aussi le western revisité (denim, franges, santiags), l’esprit preppy (polos, shorts taille haute), les imprimés ethniques, le crochet, le tricot artisanal.
Voici les pièces et détails qui incarnent cette décennie foisonnante :
- Pantalons pattes d’éléphant : un incontournable, en denim ou velours, sans distinction de genre.
- Motifs psychédéliques, broderies, imprimés ethniques : la couleur et le graphisme s’affirment comme des manifestes visuels.
- Chaussures à plateforme et bottes : la silhouette se redessine, l’attitude se joue sur les hauteurs.
Icônes et influences : quand la rue rencontre les podiums
Impossible de dissocier la mode des années 1970 de ses figures mythiques. Jane Birkin en jean droit, panier sous le bras, incarne une décontraction étudiée. Farrah Fawcett adopte le pantalon flare et le brushing aérien, tandis que Bianca Jagger fait sensation en tailleur blanc sur les pistes du Studio 54. Ces images nourrissent l’imaginaire collectif : la rue inspire les créateurs, les défilés s’imprègnent de la vie réelle, l’échange est constant. David Bowie, éternel caméléon, brouille les codes et impose un style inclassable.
Les maisons de couture captent l’énergie de la rue : Halston, Calvin Klein, Ralph Lauren à New York, Sonia Rykiel, Yves Saint Laurent, Kenzo à Paris, tous s’inspirent des tendances populaires. Les musiciens, de Janis Joplin à Joan Baez, de Cher à Mick Jagger, incarnent de nouvelles attitudes : jean usé, robe folk, chemise à jabot, foulard jeté. On mélange, on assemble, on affirme sa singularité.
Quelques créateurs et personnalités changent la donne et imposent leur vision :
- Vivienne Westwood et Malcolm McLaren dynamisent la scène londonienne, font du punk un étendard visuel et revendicatif.
- Diane Von Furstenberg révolutionne la féminité avec la robe portefeuille, synonyme de simplicité et d’élégance libre.
- Issey Miyake, Jean-Charles de Castelbajac, Kenzo réinventent les volumes, jouent avec les couleurs et les matières inattendues.
Cette décennie abolit les frontières : Levi’s et Wrangler habillent aussi bien les anonymes que les stars. Les créateurs dialoguent avec la rue, s’inspirent du quotidien, élèvent l’ordinaire au rang d’exception. Les mouvements sociaux, la musique, le cinéma s’impriment sur les vêtements. La mode devient véhicule d’idées, surface d’expression, reflet d’une époque en perpétuel bouleversement.
Intégrer l’esprit seventies dans sa garde-robe aujourd’hui : idées et inspirations
Le look seventies revient en force, aussi bien sur les podiums qu’au coin de la rue ou dans le quotidien du bureau. Les amateurs de mode années 1970 misent avant tout sur la pluralité et le mélange : pantalon pattes d’éléphant en denim ou en velours côtelé, blouse fluide imprimée, mini-jupe ou jupe longue, blazer ample et t-shirt graphique. Les matières se répondent, la garde-robe s’articule autour de quelques pièces phares, complétées par des accessoires ciblés.
Voici comment intégrer quelques touches seventies :
- Foulard noué autour du cou ou dans la chevelure : une évocation subtile de l’esprit hippie.
- Lunettes de soleil oversize : clin d’œil affirmé à la désinvolture de Farrah Fawcett ou Jane Birkin.
- Ceinture large sur une robe bohème ou un jean flare, pour dessiner la taille et structurer la silhouette.
- Sac à franges ou bandeau crocheté : la note finale qui fait toute la différence.
On pioche aussi dans les archives. Les motifs psychédéliques, imprimés ethniques ou tie-dye se marient à des matières naturelles comme le coton ou le lin. Les bijoux imposants, créoles dorées, colliers superposés, larges bracelets, donnent du caractère. Les couleurs vibrent sans complexe : orange brûlé, vert mousse, jaune moutarde, violet profond. La superposition s’invite : sous-pull coloré, chemise à col XXL, veste en suédine, bottes à plateforme ou sabots pour casser les codes.
La mode seventies se retrouve aussi dans les accessoires : chapeaux souples, bonnets crochetés, lunettes colorées. Il s’agit de trouver la bonne balance entre clin d’œil vintage et interprétation contemporaine : l’attitude compte autant que la pièce. On ne pastiche pas les années 1970 : on s’approprie leur liberté, on compose son look selon ses envies, selon le moment, sans jamais perdre de vue ce goût pour l’audace et la singularité.
Au final, revêtir l’esprit seventies, c’est choisir la diversité, s’autoriser l’insolence et faire de son vestiaire un terrain de jeu où la liberté prend le pas sur les conventions. Les seventies ne s’éteignent jamais vraiment : elles resurgissent, inattendues, là où l’on ose tout.